Sixième album d'Immolation, cet "Harnessing Ruin" était attendu au tournant par les fans, curieux de découvrir la nouvelle orientation musicale des New Yorkais après presque 20 ans de carrière.
Déjà ça bouge niveau line-up, car après le départ de Tom Wilkinson en 2000, c'est au tour d'un autre membre initial de tirer sa révérence, Alex Hernandez laissant la place de batteur à Steve Shalaty. Du côté du packaging, contrairement aux précédents albums la pochette n'est pas signée Andreas Marschall, et a été réalisée par Sven d'Aborted. Déjà un signe d'évolution rompant avec les habitudes prises avec la discographie antérieure... Sur le plan musical on note aussi une évolution plus qu'une révolution, la marque de fabrique du groupe est toujours discernable avec ses riffs dissonants, ses rythmiques techniques et tortueuses, mais la musique se fait ici beaucoup plus lourde que par la passé, voire plus "atmosphérique". Plus direct dans le style que sur ses précédentes réalisations, Immolation devient plus accessible par rapportà la brutalité de "Close To A World Below" ou "Unholy Cult", et cet album peut être un bon début pour découvrir le travail de cesvieux briscards du Death. On est quand même loin du easy listening, l'ambiance qui se dégage de l'album restant méchament pesante et chaotique, mais plus maîtrisée et vicieuse que balancée en pleine face: à l'agression Dolan et sa bandepréfèrent le travail de sape.
L'atmosphère justement est et reste une caractéristique du groupe: point ici de blasturbation (huhu...) et autre bourinage à tout va, Robert Vigna et Bill Taylor manient la six-cordes de manière à instaurer une ambiance pesante et torturée, loin de respirer la joie de vivre. Oui mais voilà, point trop n'en faut, et Immolation a malheureusement tendance à trop en faire: l'écoute de l'album s'avère éprouvante et s'apparente plutôt à un parcours du combatant, même avec de la bonne volonté. Côté vocaux, les growls du sieur Ross Dolan sont par contre bien exécutés, comme à l'accoutumée, et restent à la limite du "compréhensible" avec les paroles sous les yeux, loin du gargouillement intestinal classique.
Carton jaune par contre, pour la production vraiment faiblarde: loin d'être clair, le son est en plus relativement étouffé, manque de patate, et guitares et voix sont mixées en avant au détriment de la section rythmique, notament la batterie. Le seul titre qui a vraiment retenu mon attention reste le 1er, "Swarm Of Terror", avec un riff bien trouvé sur la fin. Pour le reste bah... difficile de rentrer dans l'album tant les compositions sont hermétiques. Un morceau se singularise quand même des autres, "Dead To Me", avec un riff un peu plus rock (pour ne pas dire pop) et des vocaux chuchotés, mais pour le reste de la tracklist c'est kiff kiff...
Si vous êtes fan inconditionnel d'Immolation, vous pouvez vous ruer sans réfléchir chez votre fournisseur habituel de drogue auditive pour faire l'acquisition de la bête; dans le cas contraire il est préférable de prendre le temps de l'écouter un peu avant histoire de se faire sa propre idée. Les américains pratiquent une musique complexe à laquelle j'ai toujours eu du mal à accrocher. A voir comment cette dernière réalisation est encensée par la presse j'en viens à me demander si je ne suis pas anormalement constitué et n'ai rien compris à cet opus. Mais même après plusieurs tentatives je suis contraint de baisser les bras: ça ne passe toujours pas, et je suis sûr de ne pas être le seul à considérer ce groupe comme une formation réservée à un petit nombre d'aficionados.
|