Jon Nodtveidt, ce nom vous dit sûrement quelque chose: celui d'un individu qui a flingué la carrière prometteuse de son groupe en se rendant coupable du meurtre d'un homosexuel maghrébin. Forcément flanqué en taule (c'est pas la fête non plus...), il a réussi à flinguer aussi sa propre réputation en s'embourbant dans un trip satanico-cosmique burlesque digne d'un prépubère en crise d'adolescence (mais oui vous savez, les petits jeunes en baggy qui portent des pentagrammes et des patches "666" sur leur sac au dos).
Bref on s'éloigne du sujet, recadrons le débat :)
Au moment de l'incarcération de son leader, Dissection était au sommet de sa gloire, après la sortie de son 2e album dont il est ici question. Plus direct que "The Somberlain", "Storm Of The Light's Bane" est un condensé d'efficacité. Baignant dans une ambiance nocturne et ésotérique, l'oeuvre des suédois reste aujourd'hui encore un classique près de 10 ans après sa sortie. Produisant un black/death mélodique à souhait, les suédois ne s'embarassent pas de claviers pour enrichir leur musique car les guitares se suffisent à elles-même: breaks accoustiques à tomber par terre ("Night's Blood", "Thorns Of Crimson Death", l'intro de "Where Dead Angels Lie"), doubles croches typiquement black ("Unhallowed", "Soulreaper"), dialogues à deux guitares dignes d'Iron Maiden ("Retribution" et encore l'incontournable "Night's Blood"), rien ne nous est épargné et toute la panoplie de la six-corde et mise à profit dans un seul but: l'éfficacité et l'énergie qui vous feront headbanger tout au long de l'album.
Excepté l'intro et l'outro au piano (dispensable selon moi, elle aurait eu sa place sur un album de Dimmu), les titres metal s'enchaînent avec en leur sein des tueries comme "Retribution", "Night's Blood", "Thorns Of Crimson Death" ou "Where Dead Angels Lie" (le seul midtempo du CD), et les riffs vous hanteront bien des jours après avoir écouté l'album. Seuls "Unhallowed" et "Soulreaper" sont un peu en retrait, tout en restant bien inspirés.
La production est bien foutue, le son de guitares est très froid avec de la réverb: correct sans non plus casser des briques. Ca fait un peu fouilli sur les rares passages rentre-dedans (je pense surtout à l'intro de "Night's Blood"), mais pour le reste de l'album ça colle plutôt bien au style heavy dopé aux stéroïdes black metal. On retrouve aussi de la réverb sur la voix de Nodtveidt, qui est un des points forts de l'album. Ses vocaux rauques et éraillés semblent ainsi flotter dans l'air, et sa diction particulière permet de mieux saisir les lyrics que chez la plupart des autres groupes. Petit bémol pour le son de batterie qui serait nickel si le son des cymbales n'était pas noyé dans la masse, mais sinon rien à redire: Ole Ohman fait du bon boulot derrière ses fûts et ça s'entend.
En conclusion, SOTLB est un album dans lequel on rentre facilement et qui vous marquera au fer rouge par ses mélodies imparables. Ne cherchez pas ici la brutalité et la vitesse de leurs compatriotes de Marduk et consort, tout repose ici sur l'efficacité de riffs simples (qui a dit easy listening?) et de lyrics
bien écrits, interprétés de main de maître.
Si vous cherchez un CD sympa et direct à faire tourner sur la platine pendant vos soirées bière/metal entre amis, vous savez lequel choisir. Même s'il me fait moins d'effet que par le passé, j'ai toujours plaisir à le réécouter de
temps en temps.
Dommage que la suite de l'aventure Dissection soit moins reluisante si on se réfère à l'écoute de "Maha Kali".
"Il y a quelque chose de pourri au royaume de Suède" comme aurait pu dire un célèbre auteur anglais...
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