On ne sait que très peu de choses à propos de Praeda à part qu'il s'agit d'un one-man-band savoyard de Dlaumor qui s'offre le luxe de sortir comme première production un album complet chez un excellent label : Sacral Productions. Le groupe ayant été engagé pour faire parti des six groupes qui composent la "Série Noire" avec entres autres Eikenskaden, T.A.O.S. ou Asyndess.
Praeda se complaît à pratiquer un black metal à mi chemin entre Emperor et Satyricon des débuts avec des lyrics bien loin des clichés habituels du genre car ici pas question de satanisme mais plutôt des textes recherchés comme sur "Furie" où Dlaumor traite de la paranoïa de soi en regard de l'autre et du sentiment viscérale de l'injustice.
La pochette de l'album est magnifique, issu d'un travail collaboratif entre Renaud le dessinateur et Dlaumor, elle représente parfaitement les idées et la musique froide de Praeda avec ce paysage glacial. La production est, elle, un peu en dessous de ce qu'on pourrait espérer, le chant de Dlaumor étant par moment assez difficilement compréhensible et la boîte à rythmes utilisée pour remplacer la batterie n'offre pas un sentiment de puissance qu'on pourrait légitimement retrouver. Mais devant le peu de moyens dont disposait Dlaumor, elle reste malgré tout plutôt bonne.
De toute façon, ce n'est pas la production qui pourrait nous faire passer à côté de cet album, dès l'intro, "Eden I", on se retrouve aspiré vers un flot de mélancholie prêt à vous glacer le sang et vous emporter vers les abymes de notre existence. Les claviers pénètrant toujours un peu plus la carapace jusqu'à atteindre notre coeur. S'enchaînent ensuite des morceaux un peu plus brutaux et techniques comme le titre éponyme, "Eden... Hele", à la structure étrange où se mêlent passages brutaux et breaks enchanteurs, voix hurlées et voix claires. L'album entier s'enchaîne assez rapidement car de courte durée (un peu moins de 30 minutes), laissant peu de répit à notre âme pour se remettre de ses émotions que déjà débute la dernière piste "Mensonges" qui vient finir de nous transformer en bloc de glace avec quelques choeurs féminins.
Il s'agit donc ici d'un excellent premier album qui prend un peu à contre-pied le reste de la scène black metal grâce à un excellent travail de composition et un thème échappant aux clichés habituels. On attend impatiemment le deuxième volet de Praeda qui aux dires de Dlaumor devraient comporter plus d'instruments traditionnels et quelques parties de violons. Quelques extraits sont d'ailleurs disponibles sur le site officiel du groupe : http://praeda.free.fr.
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