Dark Medieval Times fait partie de ces nombreux albums que je regrette de ne pas avoir plus écouté par le passé. Premier album de Satyricon, il fit l'effet d'une véritable bombe à sa sortie. Tout comme In The Nightside Eclipse d'Emperor, il s'agit d'un album qui aura marqué au fer rouge bon nombre de metalleux.
La recette est simple: des riffs raw black basiques mais bien sentis (avec une production "necro" assez semblable à celle du Nattens Madrigal d'Ulver mais en moins pire je vous rassure), de nombreux changements de rythmes, quelques claviers disséminés par ci par là pour l'ambiance (leur utilisation était d'ailleurs révolutionnaire pour l'époque), et surtout des breaks à base de guitare accoustique et flûte qui justifient le "medieval" du titre. En effet l'ambiance est très froide et l'album semble distiller des réminescences d'une époque révolue, où les chateaux n'étaient pas encore des amas de ruines, où les forêts étaient peuplées de créatures étranges et où les sorcières n'étaient pas toutes passées par la case "bûcher". On ne peut pas dire que les riffs soient d'une originalité à tomber par terre mais niveau ambiance on est royalement servis.
Sur le 1er titre, on est tout de suite mis dans le bain par une petite intro inquiétante, à base de claviers et avec quelques sons de percussions...puis la claque dans la gueule arrive sans crier gare: blast de batterie, guitare pulsant au taquet et voix écorchée de Satyr surgissant des enceintes. Puis tout se calme pour un premier break à 2 guitares accoustiques, avant que la guitare saturée et le blast ne reprennent possession des lieux, et le morceau s'achève enfin sur un riff mid tempo, soutenu par des claviers et une batterie martiale et majestueuse. Une véritable démonstration de force de la part du duo norvégien.
Puis vient le titre éponyme, remarquable d'efficacité lui aussi. Le morceau met du temps avant de se lancer mais une fois la locomotive sur les rails, rien ne peut plus l'arrêter. Selon le meme schéma appliqué aux autres compos, le groupe nous gratifie d'un break bien senti à la guitare accoustique avant d'enchainer sur une gratte saturée et virulente; puis l'accoustique fait de nouveau son apparition accompagnée d'une flute, et la guitare saturée reprend le thème immédiatement après, apportant une touche guerrière à cet ensemble pagan. Tout simplement terrible, ce titre à lui seul justifie amplement l'achat du cd pour ceux qui hésiteraient encore.
Vous pensiez que l'intensité allait retomber après? Et bien Skyggedans est là pour vous détromper. Un mid-tempo sombre et pesant ouvre les hostilités avant d'enchainer sur un bon vieux tandem blast/claviers, puis un guitare accoustique lache quelques notes et on entre dans le vif du sujet, un riff martial et impitoyable, pour finir ensuite en un blast d'apothéose.
L'instrumental atmosphérique "Min Hyllest Til Vinterland" nous permet de reprendre nos esprits après une entrée en matière si fracassante. On pense tout de suite à Wongraven, le projet folk/ambiant du guitariste: bruit du vent en fond sonore, guitares accoustiques médiévales, flûte, et même un passage de spoken words...bien trouvé, bien exécuté, rien à redire.
"Into The Mighty Forest" et "The Dark Castle In The Deep Forest" ne sont pas en reste par rapport au début de l'album, et tout au long de ces 2 titres se déroule un voyage au coeur de la plus noire de forêts et du chateau hanté qu'elle abrite. Les mêmes ingrédients musicaux ô combien efficaces nous sont resservis et on s'en délecte.
Taakeslottet clôt l'album tout en lourdeur dans une veine à la limite du doom, entrecoupé ça et là des traditionnels blasts et notes à l'accoustique...
Satyricon ou l'art de conclure en beauté son 1er opus.
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