Ghost Reveries s’inscrit comme le huitième album du groupe, après maintenant dix ans de carrière. L’album est sortit il y a déjà quelques semaines et c’est avec beaucoup de recul, plusieurs écoutes, et leur récent passage à Paris, que je me décide à vous retranscrire cet album.
Deux ans se sont écoulés depuis Damnation, et bien des changements se sont produits dans le groupe. Tout d’abord, la fin de leur ancien label, Music For Nations, après avoir reçu plusieurs offres de différents labels, le choix s’est porté sur Roadrunner, par le fait que Mikael avait une grande estime de ce label, mais que surtout ils étaient très professionnel, et avaient un énorme circuit de distribution surtout aux Etats-Unis, où le groupe commence vraiment à exploser. L’arrivée de cette première nouvelle a vite fait déchantés les fans, et croyaient alors que le groupe allait à son tour tomber sous les flots de la musique dite « commercial » ou « grand public » et surtout pondre des albums dans la même lignée que le label qui les signent. On pouvait en effet s’inquiéter car le groupe nous avait tous bluffaient en sortant Damnation radicalement opposé a Delivrance, alors leur dernier cd, en nous proposant une œuvre hors du commun mêlant une musique accoustique douce et mélancolique teintée très seventies, une des nombreuses références aux goûts musicaux de Mikael.
Le deuxième changement, vient ici, actualiser le groupe, puisqu’Opeth devient un quintet, avec non pas vraiment l’arrivée, mais le statut de membre a part entière, de Per Wilberg (Claviers) au groupe.
Enfin dernière modification Ghost Reveries n’a pas été produit par Steven Wilson (Porcupine Tree) alors le producteur « attitré » depuis Blackwater Park. Bien que Steven eût accepté le contrat, il a dû y renoncer pour partir en tournée, et fût donc obliger de laisser cette tâche à Mikael, qui était tellement excité d’enregistrer à cette période.
Bref tout pouvait supposer des bouleversements énormes, des surprises radicales, ou finalement une grosse claque. Le doute était lancé.
Première chose l’album sonne comme à l’habitude du groupe, et ne répond à aucun changement majeur de style. Mieux, l’album est loin d’être accessible dés la première écoute, de part sa complexité, relativement habituelle au groupe. On dira, plutôt qu’il « pioche » dans l’univers passé du groupe pour en retirer les « bonnes » idées, les meilleures sensations. Mélangeant donc plusieurs sonorités d’albums, on y retrouve des passages qui ont fait mouche sur Still Life «Beneath The Mire 5min49», des passages assez rapides de Deliverance (mais pas tant que çà), et l’accroissement nette de Damnation pour tout ce qui est ambiance accoustique. Alors on se demande, car l’album sonne bien par moment, mais laisse un vide, à d’autre. L’œuvre est très belle les titres sont assez bien servis, mais la magie est manquante à certains endroits. Malgré que les titres soient longs, certains le sont de trop, ou s’étendent, alors qu’ils auraient pu être raccourcis.
Pourtant tout avait bien commencé, introduit, par le rapide « Ghost Of Perdition » mélangeant habillement une ambiance lourde et déchirante, de passages denses et calmes alternance de tempos, amenant la chanson à son paroxysme en force et atmosphères (6 min). Les passages accoustiques ont radicalement augmenté et font du coup partie à 50% de l’album. « The Baying Of The Hounds » le prouve de toute son efficacité, un départ superbe, un riff de guitare remarquable, une rage immense, contenu parfaitement par le clavier (3min30) & (6min) de nouveau soutenu par la guitare. Mikael y alterne les voix claires et graveleuses parfaitement, le tout concorde magnifiquement !
« Beneath The Mire » quand à elle tend vers une chanson plutôt progressive, un début marquant, très ponctué aux claviers, mais qui perd tout son sens vers la moitié (assez long a vrai dire de 3min a 5min) pour repartir plus enragé, pour retomber de nouveau très « spatieuse » et calme sur la fin.
« Atonement » vient se placer en quatrième position, choix qui vient couper net l’album, puisque le titre très oriental, aurait très bien pu se trouver sur Damnation, très ambiant, calme, savoureux, remplis de souvenirs. Il casse donc le rythme imposé dés le début, et propose des sonorités très aérés, voix claires et poussives, le clavier berce la mélodie d’un flot constant de douces perceptions imaginatives (4min10) jusqu'à la fin quasiment où le rythme se casse a 5min15 où l’on retrouve un riff de guitare pendant une bonne minute accompagné du mellotron (moment qui aurait facilement pu être évité a mon avis)
Avoir placé ses deux morceaux reposant au beau milieu, de l’album coupe l’ambiance, surtout entre des morceaux rapides comme « Ghost Of Perdition ou The Grand Conjuration », un peu dommage.
« Reverie – Harlequin Forest » reprend donc le fil plus heavy, mais mélancolique au possible, mené tout le début par le chevauchement des guitares de Lindgreen/Akerfeldt du plus bel effet tout à la voix claire. Le titre prend forme et n’est pas s’en rappeler l’époque Blackwater Park, et des claviers identique a Damnation. « Hours Of Wealth » aurait aussi tout a fait sa place sur Damnation, tout au clavier et à la guitare acoustique, montre une vision surprenante qui ponctue à 2 min25, non sans rappeler un « A Fair Judgement », un moment assez triste et ouvert.
Voilà que s’annonce « The Grand Conjuration » morceau clé, single, et clip de l’album ! Un morceau très noir et sautillant, un démarrage grandiloquent, comme une symphonie mais limitée à une voix chuchotante, étouffée et hésitante par moment. Ponctuée d’envolée de claviers en retrait et de guitares au premier plan, la voix repasse en mode death et le tout s’harmonise pour le mieux. Diabolique, envoûtante, et mystique, le titre avance et appose toute son ampleur pour arriver sur le passage principal débutant a 5min20 : Hurlé puis crié pour vous pousser encore plus ! Enfin 6min30, là un riff hypnotique a demi mesure, appuyé au clavier (encore), le tout très lourd, vous interpelle à la fois à avancer et à reculer (bizarre mais en écoutant on se rend mieux compte ), vraiment génial. Un titre majeur qui rejoint les grands déjà existants.
Dernier morceau « Isolaion Years » vient fermer la marche, accessoirement le morceau le plus court, calme, clair, doux et frissonnant de légèreté, Mikael offre à nouveau une magnifique prestation rempli d’exaltation.
Si Deliverance et Damnation étaient tout les deux de bons albums, les avoir mixés en un seul ne rend pas le contenu total homogène. Ghost Reveries serait un peu le résultat de cette genèse, on y retrouve de bons morceaux, tantôt heavy, tantôt acoustiques, mais il y a trop de l’un ou de l’autre. Il est certain que la partie accoustique, commencée avec Damnation a énormément été influencé (est ce surtout pour marque l’apparition de Per aux claviers comme membre permanent ?) et peut être trop introduit ici. Les morceaux rapides, et heavy sont ici trop en manque, il n’y en a que deux a mon goût, mais bizarrement, on retrouve beaucoup d’éléments qui ont fait la gloire des albums précédents, et finalement on y prends goût, même si cela peut gêner par moment. Un album assez contradictoire dans sa perspective, qui en rebutera certains, qui auront tendance à dire que Opeth à légèrement adouci certaines de ces compositions. Mais le Opeth 2005, est un nouveau Opeth, un groupe qui était largement attendu au tournant et c’est ce qui fait aussi que tout le monde voyait cet album comme une nouvelle lumière, une révélation. De mon point vue personnel il est vrai qu’Opeth a changé, mais est ce le fait qu’il aient signé chez Roadrunner ?, Non je ne pense pas, maintenant il faudra faire avec « Nous envisageons avec eux une collaboration sur le long terme, si tout ce déroule comme prévu, Opeth restera chez eux jusqu’à son dernier souffle »
L’album est assez dispersé, et peut être mal orienté, déjà au niveau de la tracklist, après, il reste dans une continuité de ce que Opeth nous donne depuis 3 ans. Certes ce n’est pas le meilleur, mais il reste dans une large partie dans la moyenne.
Par contre les chansons en live passent beaucoup mieux je trouve, et sont plus énergiques, et le jeu sur scène est toujours aussi remarquable.
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