Après deux albums et un mini-cd, sort en 1998, « Cruelty And The Beast » ; un concept album sur la Comtesse Bathory et ses bains, de sang de vierges, qui étaient censés lui garantir beauté et jeunesse éternelle ; femme vampire, à qui l’on attribue, encore aujourd’hui, plus de 600 victimes. D’ailleurs la pochette de cet album illustre fort bien cette Grande Dame et ses rituels sanglants. Le livret, assez épais, renferme les lyrics et une photo individuelle des musiciens (Dani, Robin, Stuart, Nicholas, Gian et Lecter) accompagnée d’un descriptif de chacun - également une image retouchée, du groupe, en double page… dans le genre « poseur » ; Made In England ! Bref, passons sur le côté très « produit vendable » des Cradles ; même si on peut affirmer que cet album est le dernier véritable album, du groupe, avant qu’ils ne se prostituent pour de l’argent en jouant les stars. Ce qui leur a valu de jolis surnoms comme « Cradle Of Fric » ou « Cradle Of Shit ». No Comment !!!
Revenons donc à cet album qui, d’ailleurs, m’a fait découvrir ce groupe et que je trouve particulièrement bien inspiré. Une galette sincère sur un sujet percutant, concernant la première véritable femme « tueuse en série » reconnue. Une musique originale mêlant violence, rapidité, ambiances et une voix si caractéristique… l’empreinte identitaire de Cradle Of Filth. Un album de « Black Metal Fantastique » comme on peut lire sur bon nombre de catalogues, d’ailleurs certaines de ces musiques auraient très bien pu être utilisées pour des génériques de séries TV ou des BO de films d’horreurs. Les titres sont plus ou moins tous construits suivant le même schéma. Une batterie alternant « blast », mid-tempo et « break », des guitares et une basse qui s’équilibrent entre rythmique appuyée et « lead » chantant, un clavier bien présent distribuant les ambiances comme un maître de cérémonies (aussi funèbres soient-elles) et pour finir une voix tantôt hurlée, poussée dans des aigus inimaginables pour des cordes vocales masculines, tantôt rugueuses et rocailleuses dans le style voix « Death » et tantôt récitant en chœur les textes de Dani, notamment sur les parties mélodiques.
L’intro « Once Upon Atrocity », en une minute quarante, nous met dans l’ambiance avec sa musique mélodique et sombre avant que ne claquent les premières notes de « Thirteen Autumns And A Window » ; un peu dans le même genre, « Portrait Of The Dead Countess » que l’on retrouve à la fin du cd, est une musique douce, romantique et nostalgique, ressentie avec force et intensité.
Trois titres m’ont vraiment scotché : « Venus In Fear » une instrumentale glauque, pénétrante et envoûtante (au casque, vous entrez en transe et vous finissez par une crise d’épilepsie) ; « Desire In Violent Overture » le plus rapide titre de la tracklist, ça « blast » quasiment tout le long, les parties mélodiques sont frissonnantes d’angoisse et vivantes ; pour terminer, « Bathory Aria », écrit tel un opéra en trois actes, est très intéressant et bien composé, tout y est, un résumé musical de l’album.
Pour ceux qui ont, comme moi, l’édition bonus, vous avez pu observer qu’un deuxième cd s’était glissé dans le boîtier comprenant 5 titres pour moins d’une demie heure de musique. Le premier « Lustmord And Wargasm » est le dernier du cd1 ; une intro, d’une minute, douce et inquiétante avant l’assaut de notes jouées en mode accéléré pendant plus de six minutes ; quelques mélodies et breaks viennent aérer l’ensemble pour nous éviter une indigestion d’immondice. Suit « Black Metal » de Venom tiré de l’album éponyme, puis « Hallowed Be Thy Name » venu des profondeurs du très célèbre « Number Of The Beast » d’Iron Maiden et « Sodomy And Lust » de Sodom tiré de l’album « Persecution Mania ». Ces trois reprises sont assez fidèles aux versions originales même si bien sûr, c’est le son de Cradle, bien soigné, agrémenté « d’ambiances synthé » et de la voix vampirique de Dani. C’est assez déconcertant d’entendre ces morceaux réorchestrés de la sorte et de se rendre compte qu’ils ne perdent aucunement de leur puissance originelle et au contraire, presque même « habités » par quelques puissances abyssales. Etant loyal et fidèle aux anciennes formations, je préfère de loin les originaux mais je reconnais que Cradle a su élever ces titres au rang « d’incontournables du genre » et peut être a-t-il également permis à des jeunes de découvrir Maiden, Sodom & Venom ?! Quand au dernier morceau dispo sur ce bonus « Twisting Further Nails », il est purement, totalement et sincèrement : NUL A CHIER !!!!!! Un vulgaire titre « Mix » pour bouffons en boîte de nuit !
Album recommandé aux fans de Dimmu Borgir & Co ; mais surtout a tous ceux et celles qui ne connaissent Cradle Of Filth que depuis « Midian ». Jetez une oreille attentive sur ce qu’ils ont fait avant et arrêtez de vous gaver de bouses auditives !!! Ayez un minimum de culture, svp.
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