Avec Under The Sign Of Hell, Gorgoroth nous revient tout droit de l'enfer, gonflé à bloc pour répandre comme la peste le message malfaisant de son maitre cornu. La bete ne dure que 32 petites minutes seulement, mais mieux vaut s'accrocher avant de l'insérer dans la platine car l'écoute va être intense, comme d'habitude avec les norvégiens.
Le son est toujours aussi sale, suintant et émaillé de larsens: on ne change pas une formule qui marche, mais il a le mérite fort appréciable de rendre les riffs beaucoup plus discernables que sur les réalisations antérieures. Pest éructe littéralement tout au long de l'album, crachant sa haine plus qu'il ne chante et en y mettant visiblement toute ses tripes. Ses vocaux écorchés vifs font d'ailleurs rapidement oublier la pale prestation de Hat, l'ancien hurleur auquel je reste définitivement allergique, même après des dizaines d'écoutes en boucle de Pentagram. La batterie est tenue par Grim (décédé quelques temps après la sortie de l'album) et martèle sans pitié, sur un rythme certes redondant mais collant au combien au style du groupe, tandis qu'Infernus tient la basse et la guitare (à noter la présence de Ares d'Aeternus comme bassiste sur le premier titre). Brutaux, épiques, intenses, au gré des morceaux Gorgoroth fait varier la forme plus que par le passé mais le fond reste le même, à savoir un extrémisme radical et sans concession: le côté obscur de la force comme dirait Yoda :)
Les deux premiers titres sont les plus rapides et rentre-dedans de l'album, nos satanistes de service ne sont pas contents et ont apparement la rage au ventre. Funeral Procession et Odeleggelse Og Undergang sont dans une veine plus raw, et on a même droit à un titre épique avec Profetens Openbaring: voix claire vicking et riffs pagan, le tout parfaitement bien exécuté, suivi d'une interlude atypique (Postludium est un magma grouillant de grognements gutturaux). Blood Stains The Circle est pour sa part le seul morceau un peu faiblard de l'ensemble, mais les suivants ont vite fait de renouer avec l'intensité de l'album. The Rite Of Infernal Invocation répand un fort relent de sonorités death, le clavier cloturant le morceau sur une touche d'ambiant plutot dérangeante avant d'enchainer sur la piste finale. Le mid tempo old school de The Devil Is Calling sied bien au concept ritualiste du morceau, le diable appellant à lui ses créatures, et une fois le silence ayant succédé à la tempete de haine l'auditeur lambda reste encore hagard, comme meurtri par une telle séance.
Il s'agit selon moi du meilleur album de toute la carrière de Gorgoroth et le seul bémol est encore une fois la courte durée de la chose, car on reste quand meme largement sur sa faim au bout d'une simple demi-heure.
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