Deuxième album d’une trilogie visitant principalement les ambiances du folklore norvégien, source intarissable d’inspiration pour nombres de groupes apparentés, Kveldssanger constitue un intermède acoustique assez proche des derniers travaux d’Empyrium.
Ulver groupe protéiforme si l’en est démontre avec un talent inégalé et une indépendance artistique quasi-exemplaire que les fées de la grâce ne se sont pas seulement penchées au-dessus de son berceau mais bel et bien assises dedans. Issus d’une scène scandinave prolifique dans l’art sombre les loups norvégiens apparaissent comme une entité à la lueur éblouissante, insaisissable et ce, dès leur deuxième réalisation. Errance revendiquée et toujours assumée par l’énigmatique et alchimiste Trickster G le magnifique (florilège d’éloges amplement mérité dans la mesure où tout ce que l’homme touche de ses mains, l’objet se transforme en or, pour exemple Arcturus et Borknagar).
En ce qui concerne Kveldssanger qui réduit l’orchestration à sa plus simple expression acoustique (Guitare classique, violoncelle, flûte) force est de constater que la magie traverse de part en part l’ensemble de l’œuvre. De ces treize titres, Hymne à la nature sauvage, se dégage un sentiment de plénitude que seul le recueillement peut provoquer. Violon et violoncelle avec parcimonie, viennent distiller une saveur mélancolique propre à l'homme étouffé par un christianisme qui a détruit ses croyances et espoirs. Malgré de rares apparitions, les flûtes réussissent à rendre au propos une saveur de tristesse désenchantée.Les choeurs et le chant clair sont en parfaite adéquation avec un ensemble musical nous rappelant soudainement l'attachement et le respect que nous devrions porter à la nature, havre de paix et de bienveillance. Appuyés d’une force évocatrice emplie de pureté, les vocaux de Garm nous laissent entrevoir le mysticisme selon ULVER (a cappella et ord en sont les parfaits exemples). Même si l’œuvre est bâtie sur des schémas simples et apparents de facilité (principalement guitare, voix) ces trente-six minutes sont grandioses, exemplaires et forcent le respect. Vive le paganisme et béni soit Ulver.
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