Véritable premier album d’Ulver faisant suite au split cd avec Mysticum, Bergtatt embellit et redéfinit un sous genre volontairement primaire. A ce propos, je suis convaincu que certaines formations de true black, par manque de virtuosité ne puissent proposer une autre approche…Je m’égare quelque peu du sujet de cette chronique mais parfois, il me semble édifiant de rendre état de certaines évidences.
Donc j’en reviens à mes loups norvégiens et cette grande réussite qu’est Bergtatt.Se jouant intentionnellement des normes établies,Ulver inclue à son black metal des passages folkloriques, vecteurs d’un évident respect pour l’héritage culturel norvégien. L’apport de chœurs épiques associés au chant clair de Garm (Arcturus,Borknagar) nous plonge dans la magnificence, Une telle force expressive semble être le fruit d’une manifestation divine ! Toute cette synergie d’éléments est soutenue par une section rythmique foncièrement black metal caractérisée par une vivacité incisive du plus bel effet. Le résultat est chatoyant et évidemment saisissant ! Jamais, au grand jamais, le black metal n’avait revêtu une telle robe d’apparat, parée de subtilités si mélodiques. Avec cette insertion d’arpèges cristallins, d’un solo de guitare simple mais terriblement inspiré et surtout de cette voix emplie d’une grâce hallucinante, ind i fjeldkamrene, dernier chapitre de l’œuvre, résume à lui seul, cette ambition de brasser et d’alterner des tendances antinomiques inhérentes au genre.
Avec Bergtatt, Ulver dépose ainsi les premières pierres de l’édifice d’un mouvement d’avant-garde,subtil et raffiné s’éloignant d’un genre médiocre par essence. (Rappelons qu’a l’époque Garm et ses sbires sont tout juste âgés de 19 ans…en pleine crise star académicienne, je ne peux que vous interpeller, amis lecteurs, quant au fossé culturel incommensurable nous séparant de l’école scandinave en matière d’intelligence musicale.Je m’égare à nouveau mais vous me concèderez que l occasion était trop belle.)
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