Un bref coup d'oeil à la pochette old school nous renvoit à l'époque révolue des débuts du genre: logo quasiment illisible, photo en noir et blanc avec les visages maquillés des musiciens (le batteur Erik, à droite sur la photo, ne joue pas du tout sur l'album et se suicidera d'ailleurs plus tard...c'est à lui que fait référence le morceau "Erik may you rape the angels" sur le "Black metal ist krieg" de Nargaroth).
L'évolution musicale est flagrante par rapport à l'opus précédent: on s'éloigne du trip sataniste des débuts pour tendre vers un thème plus proche de la nature déchainée du grand nord, même si on n'est pas encore dans le concept blashyrkien de 'Battles in the north". La rythmique s'est accéléré, et vraiment pas qu'un peu! En bon stakhanoviste de la double Abbath s'en donne à coeur joie, et même s'il n'est pas toujours en rythme il y met toute sa hargne et ça blaste brutalement du début à la fin, excepté quelques passages midtempo par-ci par-là, notament sur "The sun no longer rises" et le fabuleux "As the eternity opens". A noter qu'on aurait pu l'appeler "l'homme orchestre" car c'est aussi lui qui tient la basse (malheureusement noyée sous le mur en béton armé des guitares) et assure en plus le chant. Les paroles (signées Demonaz) et sa voix au timbre particulier, mixée en avant de la musique, confèrent à l'ensemble un style inimitable qu'on ne retrouve dans aucun autre combo. Demonaz pour sa part innove radicalemnt à la 6 cordes: les riffs flirtent quasiment en permanence avec les aigus et les accords dissonants vous posent une ambiance apocalyptique et originale. Alors bien sur la prod n'est pas géniale, mais pour un album datant de cette époque et enregistré avec les moyens du bord ce n'est pas si mal, et j'ajouterai même que ce chaos sonore est d'une brutalité "atmosphérique". Pas facile à décrire mais écoutez un peu pour vous faire une idée: les notes sont tenues très longtemps et leur répétition excessivement rapide, couplée à la batterie vrombissant en arrière plan, aboutit à un effet des plus saisissant de persistance auditive; on atteint des sommets d'originalité et Immortal marque au fer rouge le style de nombreuses formations black qui se formeront plus tard.
L'album ne dure malheureusement que 33 petites minutes mais putain comment ça défoule! D'ailleurs je ne sais pas pour vous mais j'enfonce immanquablement la touche repeat dès la fin de l'assaut tellement c'est jouissif. Alors bien sur l'ensemble est un peu répétitif mais qu'importe: "Unsilent storms in the north abyss", "The sun no longer rises", "As the eternity opens", "Pure holocaust", vous allez kiffer votre race comme dirait un certain Joey Starr. Pour la petite anecdote, sur le dernier titre on retrouve un riff de la marche impériale de Star Wars: bien trouvé, même si l'originalité n'est pas au rendez-vous (Metallica dans sa belle époque avait souvent pour habitude de le jouer en live au cours de medleys).
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