La voilà donc enfin, l'oeuvre ultime d'Immortal. Il aura fallu attendre 4 albums et le départ de Demonaz du poste de guitariste pour que le combo trouve enfin sa voie. En effet Abbath se retrouve six-cordiste du groupe, à la suite d'une grave blessure au bras de son accolyte, obligeant ce dernier à se cantonner à l'écriture des lyrics (rôle dans lequel il excelle d'ailleurs toujours autant). Premier constat, les démons de l'hiver calment le jeu en ralentissant sérieusement le tempo. La course effrénée vers la vitesse et la brutalité semble terminée et les compositions sonnent maintenant un peu plus heavy, tout en conservant les mêmes progressions d'accords si chères à Immortal, dans la même veine que le titre "Mountains Of Might" sur l'album précédent (à savoir des riffs épiques, évoquant des scènes de batailles furieuses au coeur de tempètes sans fin). Le changement de guitariste est donc réellement bénéfique car Abbath apporte plus de profondeur et de maturité à la musique du combo, aidé en celà par une production bien meilleure que par le passé: les riffs incitent très souvent au headbang, les changements de rythmes sont incessants, et on note l'apparition de nombreuses transitions qui permettent à la musique de respirer. Ces transitions sont d'ailleurs une des grandes innovations de l'album: des arpèges en son clair avec pas mal de reverb confèrant un aspect très planant aux compositions, renforçant de ce fait l'identité sonore du groupe en installant une ambiance très "hivernale". A noter d'ailleurs l'utilisation du clavier sur le titre éponyme, un moment d'accalmie avant que le blizzard se déchaine de nouveau. La batterie pour sa part est d'une efficacité remarquable et le jeu de Horgh est très plaisant à écouter. Les paroles quant à elles sont loin d'etre en reste: écrits par Demonaz himself, les lyrics sont très narratifs, avec une forte propension à la description de paysages hivernaux, de forêts obscures et de pics enneigés). La voix d'Abbath est comme toujours si particulière et expressive, et s'impose comme une des marques de fabrique du groupe. J'ai beau chercher des défauts à cet album, je n'en trouve aucun. On peut certes critiquer le livret ridicule où Abbath et Horgh prennent des poses guerrières décridibilisées par la panse à biere du batteur, mais c'est un détail minime et non musical, compensé d'ailleurs par l'excellente illustration signée Pascal Fournier. Au final, c'est une longue histoire qui nous est contée tout au long des 46min que dure l'album. On est bien loin ici des propos sataniques à 2 balles ou politiquement douteux de nombreux autres groupes du milieu. Non, ici on est convié à un voyage au coeur des paysages battus par le vent du nord, dans une ambiance épique à souhait. Immortal cherche à travers sa musique à retranscrire au mieux l'atmosphère de Blashyrkh, leur royaume secret perdu au coeur des neiges éternelles et des glaciers...Un chef d'oeuvre du metal donc, tournant depuis des années dans ma platine et qui aura du mal à être surpassé.
Hail Immortal !!!
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